Le Conseil des droits de l’homme, qui poursuit ses travaux à Genève, a approuvé deux déclarations écrites, la première présentée par la Fondation Danielle Mitterrand, France libertés (FDM) sous le titre « Pillage des ressources naturelles au Sahara Occidental », et la seconde présentée par la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) sous le titre « Situation des travailleurs sahraouis dans les territoires occupés du Sahara Occidental ».
Après les prospections dans lesquelles plusieurs compagnies internationales sont impliquées, le pillage des ressources naturelles du peuple Sahraoui s’étend à bien d’autres domaines tels la pêche, l’exportation des phosphates, voire même la vente de sable pour l’industrie du bâtiment aux Iles Canaries et pour l’aménagement de plages d’origine volcanique de Madeira. Le dernier transport a été effectué le 31 Mai 2008 et concernait 2800 tonnes de sable nécessaire pour reconstituer la plage de Caheta endommagée par un ouragan, déplore France libertés dans sa déclaration..
La question de la pêche mérite, elle aussi, d’être étudiée plus en détail puisqu’elle constitue un exemple de l’implication de certaines puissances étrangères dans la déprédation des ressources naturelles du Sahara Occidental. L’Union Européenne a signé un accord injuste avec le Maroc pour l’exploitation des la richesse halieutique dans les eaux territoriales sahraouies. Les chiffres montrent qu’il s’agit d’une catastrophe : sur les 1 200 000 tonnes de poisson capturées par an par des pays de l’Union européenne au large des côtes africaines, environ 900 000 tonnes proviennent des côtes du Sahara occidental. Le volume de ce marché dépasse les 1 000 millions d’euros, ce qui contribue à renforcer l’occupant et profite à ceux qui pêchent illégalement sur les côtes sahraouies. A ce pillage s’ajoute encore l’utilisation massive de filets maillants et dérivants qui met en péril la préservation des espèces maritimes poursuit la Fondation dans sa déclaration.
France libertés estime, par ailleurs, que les produits vitaux pour l’agriculture, les phosphates intéressent de très près une large majorité de pays. La production des mines de Bou Craa dont l’exploitation avait débuté sous l’occupation espagnole en 1970 s’élève aujourd’hui à environ 3 millions de tonnes soit 10% de la production totale du Maroc contribuant fortement au revenu national de ce pays depuis le début de l’occupation. Un convoyer belt parmi les plus grands au monde permet de transporter les phosphates sur une distance de plus de 100 kilomètres jusqu’au port d’El Ayoun spécialement conçu pour le transbordement des phosphates et qui peut accueillir des navires minéraliers et des navires de haute mer permettant l’exportation du minerai dans de nombreux pays tant européens qu’asiatiques.
Plusieurs organisations non gouvernementales ont dénoncé depuis longtemps cette situation et publié les noms des sociétés responsables pour ces importations. Certaines sociétés témoignant leur honnêteté ont pris la décision d’arrêter pour l’instant les importations des phosphates, d’autres ont déclaré que ces activités seraient à leur avis tout à fait légales dans le cadre du droit international, d’autres ont répondu que ces activités profiteraient aussi à la population sahraouie alors qu’il en est bien le contraire tel qu’a pu vérifier une mission de France Libertés en 2003. En effet outre le pillage de cette ressource fort importante au niveau économique, la plupart des travailleurs des mines a été licenciés au cours des années et les quelques 200 qui y restent ont déclaré tous avoir subis des violations de leurs droits économiques et sociaux, une forte marginalisation dans le cadre de l’industrie des phosphates, conclut France libertés dans sa déclaration écrite.
Dans sa déclaration écrite, la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) considère, quant à elle, que tout sahraoui qui affiche ses opinions politiques ou qui milite pour le respect des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés risque de perdre son emploi.
Et la FSM de poursuivre : « Toute considération concernant la question de la protection des droits de l’homme au Sahara Occidental doit partir de l’affirmation que le peuple sahraoui possède, sur la base du droit international général, le droit à l’autodétermination, le droit de disposer de lui-même et de choisir librement son destin.
Toute tentative allant en sens contraire serait légalement nulle et ne pourrait avoir aucun effet juridique. Ainsi, l’exercice préalable du droit à l’autodétermination est nécessaire au respect de tous les autres droits de l’homme et des libertés fondamentales du peuple sahraoui ».